LA DEPRIME DES Y/Z EN 2020

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Lundi 20 janvier dernier, c’était le « Blue Monday ». Ce jour est présenté comme le plus déprimant de l’année, et tous les médias en ont parlé. En 2020, sa notoriété a bondi. Selon un sondage réalisé par Qapa, 66% des Français ont identifié ce « lundi noir » (Vs. 23% en 2018).

 

Ce « Blue Monday » entre donc résonnance avec une réalité vécue : selon ce même sondage, 66% des femmes et 61% des hommes avouent être plus déprimés que l’année dernière à la même époque (Vs. 46% et 37% en 2018). Et la tendance est plutôt pessimiste : plus de 39% pensent que 2020 sera pire (alors qu’ils étaient optimistes à 62% il y a deux ans).

 

Ce climat d’appréhension ne touche pas que la France, mais aussi la majorité des pays du globe. Les résultats du sondage périodique « What Worries the World » réalisé en novembre 2019 par Ipsos dans 28 pays révèle que 61% estiment que leur pays est sur la mauvaise voie.

 

Mais surtout, ce phénomène d’anxiété est particulièrement fort auprès des générations Y / Z. Différentes études révèlent que la dépression, la détresse morale et les pensées suicidaires touchent plus fréquemment les moins de 35 ans. Alors qu’on se plait à dresser un tableau angélique, confiant et enthousiaste des Y / Z, une étude réalisée fin 2018 aux États-Unis par le Pew Research Centre a montré que 70% des adolescents considèrent l’anxiété et la dépression comme l’un des problèmes majeurs de leur génération.

 

Pour expliquer l’origine de ce mal-être, le digital se retrouve régulièrement sur le banc des accusés. Les moins de 35 ans sont en permanence connectés à leurs amis virtuels avec les réseaux sociaux, mais cette altérité est faussée, déréalisée, construite sur des images. Ils se sentent plus isolés que leurs aînés, car la socialité digitale favorise un entre-soi identique et non un accès à un alter.

 

Si différentes recherches ont montré que les symptômes dépressifs augmentaient avec le temps passé sur les médias sociaux, le lien de causalité n’est pour autant pas aussi simple à établir. La relation de cause à effet pourrait être inverse : peut-être qu’une vulnérabilité psychologique mène à une plus grande dépendance des médias sociaux.

 

A cela, il faut ajouter l’anxiété scolaire des moins de 25 ans. Selon l’étude du Pew Research Centre, 61% déclarent ressentir beaucoup de pression pour obtenir de bons résultats scolaires. A titre comparatif, ils sont moins d’un tiers à ressentir une pression sur leur apparence physique, ou à souffrir d’une injonction à s’intégrer socialement. Contrairement aux idées reçues, dans un contexte où il est difficile de se projeter dans l’avenir, le « normé » tangible est plus que jamais une valeur refuge (notes, diplômes, plan de carrière)

 

Et si la Gen Z était moins disruptive que l’on croit trop vite ?

 

Jean-Emmanuel Cortade de la Saussay

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